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La psy guérit les crises d’angoisse invalidantes

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Jules 21 ans, souffre de crises d’angoisse, depuis toujours me répond-il, surpris lui-même par la longévité de son mal. Il n’avait jamais pensé à cette question. Il me montre son ventre qui est tout dur et dans lequel se cristallise son angoisse. « Ça part de mon ventre et ça envahit tout mon corps, ça résonne dans ma tête, c’est une vague qui me submerge, je n’ai plus vraiment de vie sociale, j’ai la phobie de devoir me lever pendant les cours à la fac et de devoir partir car je suis tordu de douleur et que j’ai peur de perdre le contrôle devant l’amphi. »

Jules a suivi un très long parcours thérapeutique, il a été médicamenté lourdement depuis tout petit.

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Il est dans une telle attente vis-à-vis de moi dès la première séance, que je décide, comme à mon habitude, d’aller connecter ce ventre en utilisant ma méthode de tapotements issue de l’EMDR.

Se connecter avec sa souffrance

Lors de cette première séance je me contente de créer le lien entre cette part de lui qui exprime une immense souffrance, Jules et moi. Je lui demande de connecter son angoisse. Je vais lui proposer qu’à chaque début de crise il regarde cette part le plus calmement possible, car la regarder c’est réduire l’anxiété ; la fuir, c’est l’augmenter considérablement. Cette part n’ayant qu’un seul désir : être vue par lui.

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Jules a perdu son papa à l’âge de trois ans. Il est décédé d’un accident d’avion. « Je n’en souffre pas car je ne m’en souviens pas ». Il a une maman dont il est très proche.

Lors de la deuxième séance, Jules m’apprend qu’il est arrivé à aller à l’université. Son angoisse est très présente dans son ventre mais il arrive à la juguler grâce à des exercices de respiration, à la méditation et surtout au fait qu’il la regarde quand elle veut se déclencher et qu’alors elle ne sort pas. Cependant ça lui demande beaucoup d’énergie. Il me parle tout en empoignant son ventre avec ses deux mains comme si c’était un bébé, et en le regardant intensément.

Je recommence à faire des tapotements issus de l’EMDR en lui demandant de connecter les sensations issues de ce ventre. Après trois tours de tapotements, rien ne se passe, la sensation est solidement ancrée dans le ventre de Jules et ne veut pas partir. Jules lui-même n’est pas apaisé. En terme psychanalytique je suis face à une forte résistance. Cette part ne peut pas partir car Jules risquerait de décompenser si elle n’était pas là pour le protéger.

Explorer la gestion du deuil

Instinctivement je pense à la perte du papa et je décide alors tout en tapotant de parler à ce petit garçon de trois ans que Jules visualise facilement.

La psy qui guérit, livre de Valerie Sengler, psychanalyste EMDR-TABC

Un enfant face à une perte brutale d’un parent voit un des deux piliers de sa vie disparaître d’un coup. Il ne peut pas comprendre mais va gérer à sa manière cette perte. Une part de lui meurt avec son parent, à l’image d’un arbre coupé en deux par la foudre. Ce petit va ressentir toutes les émotions de son entourage. Un enfant est en effet branché en quelque sorte à ses parents et les émotions des grands seront de ce fait ressenties par lui sans filtre. Jules aura capté l’immense douleur de sa mère face au décès de son mari. Il va être submergé par cette douleur sans savoir comment la métaboliser.

Jules va taire ses émotions, il n’aura pas de larmes, pas de colère car il va protéger sa maman en ne lui imposant pas sa souffrance propre. Il va mettre sa souffrance bien au chaud, pour lui : dans son ventre.

Enfin, Jules va grandir avec la certitude viscérale que les êtres qu’il aime et lui-même peuvent disparaître du jour au lendemain. Le traumatisme de la perte du père n’ayant pas été nettoyé Jules ne peut pas vivre sa vie, car la vie est pour lui égale à danger. Il ne peut s’investir dans aucune relation, ne peut se projeter dans l’avenir, ses crises d’angoisse l’en empêchent.

L’enfant intérieur se demande : « Mais pourquoi mon papa est mort ? »

Lors de cette séance, ce n’est pas le Jules adulte qui est là mais bien le petit garçon de trois ans qui, lorsque je lui demande s’il a des questions, dit d’une petite voix d’enfant :« Pourquoi mon papa est mort ? ».

Je suis bouleversée car trois jours avant j’avais reçu une petite fille de sept ans, Anna qui venait de perdre son papa et qui a demandé à pouvoir me parler seule. Elle était assise très sérieuse dans le fauteuil et me fixait intensément tout en me demandant comment faire pour récupérer son papa. A ma réponse que c’était impossible, elle s’était mise à pleurer, un peu comme si moi j’avais été la dernière personne qui aurait pu l’aider à faire revenir son papa et que comme je lui disais mon incapacité à réaliser ce désir, une digue cédait, et Anna s’était mise à pleurer. J’avais alors senti face à l’immense injustice que vivait ce tout petit bout de femme une immense douleur me submerger et mes larmes s’étaient mises à couler doucement, je m’étais alors mise à genoux devant elle, et lui avais dit que je ne pouvais rien faire, que je savais ce qu’elle vivait et je l’avais bercée doucement en lui murmurant « je sais, je sais ». Plus tard je lui avais dit que la mort c’était l’autre face de la vie, et que les personnes mortes ne reviennent pas, un peu comme la nuit qu’on ne peut arrêter. Elle s’était calmée, avait demandé à ne plus en parler. Elle avait compris. Sa maman m’a appris plus tard qu’Anna dormait apaisée et ne faisait plus de cauchemars.

Le petit Jules a comme Anna eu besoin de demander et d’entendre la réponse car dire qu’on ne sait pas ou qu’on ne peut pas est une réponse qui permet un ancrage en enlevant le vide source d’angoisse.

Il aura suffi de deux séances pour que Jules soit libéré de ses crises d’angoisse. Il me dit que c’est la première fois que des mots sont mis sur ce qu’il a vécu et que je ne faisais que lui dire ce qu’il sait depuis toujours.

A travers mon livre La psy qui guérit, j’aborde le traitement des crises d’angoisse.

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